En 1882, Paul Richer devient chef du laboratoire de Charcot. Avec le soutien infaillible de ce dernier, il dessine sans relâche, menant de front trois carrières, la neurologie, l'enseignement du dessin anatomique et la sculpture, et publiant dans quatre domaines distincts : la neuropsychiâtrie : il contribue à de nombreux travaux sur l'hystérie et l’hypnose, la critique scientifique des oeuvres d'art, qui influencera toute une littérature paramédicale de la fin du XIXème siècle, la morphologie et l’anatomie, les oeuvres artistiques réalisées pour partie dans le cadre de la science.
 
Avec Jean Martin Charcot, Paul Richer se livre à un inventaire de tout ce qui dans l'art  pictural et dans l'art plastique peut illustrer la pathologie médicale : ils publient la somme de leurs recherches dans deux ouvrages. L'idée fondamentale est que les monstruosités représentées ont un fondement, sont le fruit de l'observation de l'artiste et non le produit de son imagination.
 
Les Démoniaques dans l'art, en 1887: les Possédés de Raphaël, de Rubens, les convulsionnaires de Saint Médard ; mais aussi un lépreux d'Albert Dürer, un mascaron grotesque de Venise illustrant un hémispasme glosso labial. Charcot cite in extenso la contribution de leur collaborateur le docteur Keller sur le retable d'Isseheim représentant un malade affligé de lésions cutanées sur le panneau de la tentation de Saint Antoine. L'opinion alors est qu'il s'agit d'ulcérations syphilitiques. L'oeuvre de Grünewald est citée à côté de la Vierge aux syphilitiques gravée dans le traité de Joseph Grünpeck de Burkhausen publié en 1496 et reproduite dans le traité complet des maladies vénériennes de Ricord en 1851.
Les difformes et les maladies dans l’art en 1889.
Photographies d'Albert Londe commentées et classées de la main de Paul Richer.
Paul Richer est neurologue, peintre, sculpteur, il fut collaborateur de Charcot. Il illustre les mouvements pathologiques et les attitudes illogiques, une notion qui lui est propre, participant à leurs premières descriptions, en compagnie de confrères prestigieux ; Charcot, Gilles de la Tourette, Bourneville, plus tard Henry Meige... Mais aussi physiologie du mouvement, qu’il enseigne à l’École des Beaux-Arts à l’aide de la chronophotographie.
 
Paul-Marie-Louis-Pierre Richer est né à Chartres le 17 janvier 1849 et mort le 17 décembre 1933.
Ses parents tenaient un magasin rue du Bois-Merrain.
 
Les études de Paul Richer débutent fort mal dans une institution religieuse, elles se poursuivirent à l’école laïque de Chartres puis à l’Institution Saint-Joseph de Montluçon. Il est reçu au baccalauréat es-lettres en 1868, à Clermont-Ferrand, et l’année suivante lauréat de la section es-sciences à Paris. Pour embrasser la carrière médicale, il fallait à cette époque, être doublement bachelier.
 
Étudiant, il ne fut pas mobilisé. Le 31 août 1870, Napoléon III est fait prisonnier à Sedan avec 83 000 hommes. Les troupes prussiennes entrent à Chartres, Paul Richer réussit à rejoindre les ambulances du médecin-major Dujardin-Beaumez, qu’il aide lors de l’amputation de cuisse du général de Sonis. Plus tard, il peignit l’ambulance de Loigny exposée au musée du Val de Grâce. Dujardin-Beaumez l’encourage, et lui propose d’illustrer un Traité de chirurgie des Armées qu’il rédige. Il se prépara en dessinant les cadavres des communards fusillés au Petit Clamart.
Après la Commune, Paul Richer est nommé externe des hôpitaux. Il aura pour patron Bouchut, il illustre le Cœur de Marc Sée, premier Chef de Service de l’Hôpital de Rotschild lors de sa fondation. Il compose trois eaux-fortes pour la thèse de son ami Meillet, Les déformations permanentes de la main. Le 23 décembre 1874, il est nommé troisième Interne des Hôpitaux de Paris. Il choisit les services de Chirurgie de l’Hôtel-Dieu, puis à la Pitié en médecine.
 
Jean-Martin Charcot, qui enthousiasmé par les dessins de Richer, lui propose une place d’Interne de quatrième année dans son service, une fois le concours passé. En 1878, Richer intègre la Salpêtrière.
Paul Richer entame la rédaction d’une thèse dirigée par Charcot, soutenue le 9 avril 1879 : l’Étude descriptive de la grande attaque hystérique, ou attaque hystéro-épileptique et de ses principales variétés reçoit la mention « extrêmement satisfaisant » et la médaille d’argent.
 
Paul Richer travaille avec Albert Londe qui dirige sur l’instauration de Charcot, un département photographique dans son service. Albert Londe photographie, Richer dessine d’après les photographies.
⬅︎ L'hystérie et sa représentation
Diagramme d’un corps descendant.
Physiologie artistique de l’homme en mouvement.
Richer Paul ; 1885
Charcot donne sa première leçon sur l'hystérie à la Salpêtrière, en juin 1870, proposant un renouvellement de l'approche scientifique de ce trouble qui prenait en compte non seulement les traits physiologiques mais aussi psychologiques. S'appuyant sur une recherche de Pierre Briquet, publiée en 1859, dans laquelle celui-ci faisait analyser 430 cas d'hystérie collectés sur une période de dix ans. Charcot considère l'hystérie comme un effet d'une souffrance neurologique d'une partie du cerveau concernée par les émotions et les affects, il suggère que cette affection pouvait être en partie héréditaire et note qu'elle peut concerner des sujets masculins, même si elle est surtout présente chez des femmes. Il s'est efforcé de démontrer que la « grande attaque » hystérique était un état neurologique qui suit un déroulement caractéristique, en plusieurs étapes identifiées : la période épileptoïde, la période des contorsions parfois dite de « clownisme » (notamment la position en arc-de-cercle), la période des attitudes passionnelles, la période de délire.
Charcot s'est surtout attaché à documenter les cas cliniques d'hystérie, en montrant des épisodes de crise, durant ses leçons, mais également en généralisant, dans son service, le recours à la photographie médicale. Albert Londe, l'un des pionniers de la photographie médicale, prenait des photographies, et Paul Richer réalisait des croquis d'après ces photographies. Le dessin qui représente une patiente, visible au mur à gauche du tableau, a ainsi été réalisé par Paul Richer, d'après une photographie d'Albert Londe.
À partir de 1878, il donne des leçons hebdomadaires et publiques les vendredis, auxquelles assistent médecins, personnel médical de l'hôpital, mais aussi artistes, personnalités politiques, personnalités du monde médical, tels James Jackson Putnam ou Adolf Meyer, ou encore Sigmund Freud, encore jeune médecin. Le succès de ces leçons est tel qu'elles se tiennent finalement dans un salle de 400 places.
    La photographie d'Albert Londe, la gravure de Paul Richer qui  a longuement examiné le cliché, et défini la Phase d'immobilité Tonique ou Tétanisme.
Docteur Paul Richer
Membre de l'académie de médecine et de l'académie des beaux arts.
Paul Richer, l'artiste neurologue.
"Non seulement la peinture raconte une histoire mais elle la pense."     (E. Gombrich)
L'Art pense.
Thierry de Cordier
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